En réflexion...

LA CHASSE AUX CHRETIENS

Noël, depuis deux mille ans, c’était l’Emmanuel, l’annonce de la paix pour tous les hommes de bonne volonté. Mais aujourd’hui, en Irak, en Egypte, au Pakistan, en Afghanistan, en Algérie, en Arabie saoudite, et même en Turquie et en Israël, c’est une douloureuse et terrible réalité : des communautés chrétiennes sont discriminées, harcelées, humiliées, sommées de se convertir à l’Islam ou de s’exiler. Et depuis peu, c’est parfois la condamnation à mort, l’assassinat et même le massacre. Le phénomène prend de l’ampleur. Il concerne globalement vingt millions de chrétiens. Vingt millions !

On dit : « C’est le fait des fanatiques et des extrémistes musulmans ! » Certainement. Mais le vrai problème, c’est que les Etats musulmans laissent faire. Car leur Constitution repose sur la loi islamique et les fondamentalistes ont beau jeu de s’en réclamer pour persécuter les chrétiens. Alors l’Etat se tait, accusé qu’il serait d’abjurer l’enseignement de la charia s’il en venait à défendre les droits des minorités chrétiennes.

Egypte : le 1er janvier 2011 aura été fatal  à des dizaines de fidèles coptes qui célébraient le Nouvel An chrétien à Alexandrie. A l’instar de ceux d’Irak, les chrétiens coptes sont ici chez eux depuis près de deux mille ans, bien avant les musulmans. Mais depuis 2001, 1,5 millions de coptes ont quitté l’Egypte. Il y a déjà eu le massacre de 21 villageois de Kocheh en 2001 et celui de Nag Hammadi en 2010.

Après le massacre perpétré dans la cathédrale catholique syriaque de Bagdad le 31 octobre dernier, leurs instigateurs ont proclamé: « Nous avons pris d’assaut un repaire d’idolâtres. Opération bénie. Qu’Allah protège leurs chefs ! » Constat : dans le monde musulman, pratiquement aucune contestation ! Quant à l’Occident, malgré quelques réactions isolées, il n’a pas bougé. Le patriarche syriaque l’a compris. Il a même annoncé la fin de la chrétienté en Irak : « Les chrétiens sont massacrés dans leurs maisons et leurs églises et le soit-disant monde libre regarde, totalement indifférent ». Il a ajouté : « Tout ce qui l’intéresse, c’est une réponse politiquement correcte et économiquement opportune. ». Le patriarche a raison : nous en sommes là.

Pakistan. Un seul exemple : Asia, 45 ans, est chrétienne. Elle travaille aux champs et va chercher de l’eau. Les femmes musulmanes qui la côtoient refusent « une eau souillée » par des « mains impures ». Asia a eu le malheur de comparer le prophète Mahomet à Jésus. Blasphème ! La police l’arrête. Elle est en prison. Condamnée à la pendaison, elle attend la mort. L’arme du blasphème est devenue là-bas une arme de guerre contre les chrétiens et tout est prétexte à dénonciation.

Afghanistan : le 7 août 2010, 9 « missionnaires chrétiens » sont retrouvés morts, criblés de balles, accusés de transporter des bibles. Erreur : c’était 9 médecins ophtalmologues qui terminaient une mission médicale ! Deux ans plus tôt, une britannique travaillant pour des handicapés était abattue en plein Kaboul. Dans ce pays que la communauté internationale finance à coups de milliards, tout est prétexte à accuser les rares chrétiens de prosélytisme.

Algérie : comme on sait, les moines de Tibéhirine ont payé de leur vie leur mission de présence fraternelle auprès des musulmans. Ce qui n’a pas empêché le ministre des Affaires religieuses de déclarer en 2008 : « J’assimile l’évangélisation à du terrorisme ». Sic !

Bethléem : une frontière de béton de 8 mètres de haut isole ce lieu hautement symbolique de la nativité du reste du pays. Entre les Juifs en lutte pour Eretz Israël et les Palestiniens du Hamas en guerre, les chrétiens sont ici sans droit à des racines territoriales. En 1970, ils étaient largement majoritaires à Béthléem. Aujourd’hui, deux tiers se sont exilés.

Jusqu’où ira cette christianophobie ? Une seule chose est sûre : la radicalisation de l’Islam gagne du terrain. L’Occident se tait. Et les chrétiens d’Orient sont de plus en plus persécutés, sans défense et voués à l’exil. Comment arrêter cette hémorragie ?

François Gachoud

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