En réflexion...

ALZHEIMER: QUAND LA DIGNITE EST NUE

J’ai été bouleversé par Le mot de la fin (Journal La Liberté du 9.12.2022) signé Scarlet Cavassini. Car elle décrit de manière saisissante la série des symptômes et des manifestations cliniques de la maladie d’Alzheimer. Elles sont en train de dévorer une vieille dame de l’intérieur : elle a perdu tous ses repères. La voilà décomposée dans la nuit de ses confusions mentales. Son cerveau ne maîtrise plus rien. Les mots et les choses n’ont plus aucun sens. Impuissante, sa personne est dépouillée de tout ce qui caractérise une vie humaine.

A-t-elle donc perdu toute dignité ? Bien sûr que non ! Car, même si elle ne sait même plus qui elle est, il lui reste la seule chose qui rend possible sa relation aux autres : le toucher. Oui, le toucher d’une main qui tient la sienne ou la caresse donnée sont ressenties et retentissent en elle, c’est sûr, comme un signe vivant. Signe d’affection, de soutien, de consolation, de communion encore possible. Alors oui, c’est la tendresse qui devient sa seule raison de vivre.

Tendresse qui s’exprime souvent par les yeux. Ses yeux qui brillent et remercient. Le regard toujours parle. Cette vieille dame n’a rien perdu de sa dignité. Dignité nue certes, mais d’autant plus éclatante que, dépouillée de tout, elle ne manifeste qu’une chose : une pure présence. Présence de la vie qui crève nos yeux. Et nous étreint.

François Gachoud, philosophe

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