SOIREE DEBAT ORGANISEE PAR LA SOCIETE PHILOSOPHIQUE DE FRIBOURG
LA RHETORIQUE DANS LA CITE
Avec : Marc Bonnant, avocat genevois ; Oskar Freysinger, conseiller national et Henri Torrione, philosophe du droit, professeur à l’Université de Fribourg.
Le thème choisi ne vise pas un débat politique entre les intervenants. Le but est de leur donner l’occasion de témoigner de leur expérience, celle de la pratique du discours public, afin qu’ils offrent aux auditeurs une réflexion sur la place de l’art rhétorique dans la Cité d’aujourd’hui.
Dans une démocratie, le choix des décisions en vue d’un bien vivre ensemble postule la liberté de parole et le débat d’idées. L’art rhétorique joue donc un rôle. Quelle place lui attribuer ? La rhétorique est-elle un simple jeu où l’on cultive la polémique, où l’on met en valeur la seule habileté de l’orateur ? Suppose-t-elle au contraire des vertus morales ? Lesquelles ? Quels sont les critères d’un discours favorable à l’esprit et aux règles démocratiques ? C’est à ces questions que les trois orateurs s’efforceront de répondre. Avec la participation du public.
UNE SOIREE-DEBAT DE BELLE CUVEE
Les feux de l’éloquence ont brillé le 27 avril à l’Université de Fribourg : une aula comble où l’on pouvait compter trois cents auditeurs qui ont généreusement applaudi les orateurs conviés au débat sur le thème choisi : La Rhétorique dans la cité.
Ce succès est évidemment dû au talent des trois intervenants qui ont su incarner eux-mêmes l’exercice rhétorique comme un gage vivant de la réflexion qu’ils ont proposée sur elle. Exercice propre à convaincre un auditoire attentif parce qu’il tint surtout à la manière dont chacun des trois orateurs a illustré son discours.
On connaît la flamme oratoire à la fois intensive et expansive de l’avocat genevois Marc Bonnant. En séducteur conscient de ses effets, il a facilement conquis son public autant par la force persuasive de sa rhétorique que par l’habileté et les fines pointes de ses arguments. Il est rare d’entendre un orateur qui sait aussi bien conjuguer l’art savoureux de la langue avec la portée vivante de sa réflexion.
A ceux qui attendaient d’Oskar Freysinger un discours correspondant à l’image souvent négative qu’ils ont du personnage politique, ce dernier a surpris en apportant un singulier démenti. Nul relent populiste ni propagandiste ultra-droite dans son exposé. Mais une réflexion intelligente sur l’ascendant manifeste du rôle de l’image qui tend à déprécier celui de la parole dans le concert médiatique et le débat démocratique.
Quant à Henri Torrione, en philosophe du droit expérimenté, il a apporté un plus à la qualité d’un débat déjà bien engagé. En insistant sur l’importance de la méthode dialectique qui doit en bonne rhétorique caractériser des positions argumentées pour nourrir une délibération éclairée, il a montré combien le souci critique de la réflexion est appelé à se mettre au service des décisions pratiques qui sont toujours à prendre dans une société démocratique où le libre débat joue un rôle essentiel.
Manifestement satisfait par la prestation d’orateurs aussi convaincants, le public a sans doute quitté la salle avec le sentiment d’une certitude partagée : la rhétorique reste un art indispensable à la marche démocratique de la cité. Il faut continuer à en enseigner et cultiver la vivante pratique.
François Gachoud