PROCREATION ASSISTEE : LES EMBRYONS NE SONT PAS UNE MARCHANDISE
Qui d’entre nous pourrait nier qu’avant de venir au monde et de devenir une personne humaine, nous avons été des embryons ? Et cet embryon que nous fûmes n’est pas devenu un lapin ou un cheval, mais bien un être humain à part entière. C’est incontestable d’un point de vue scientifique mais aussi éthique : cet embryon n’était pas un simple « amas de cellules » comme certains députés au parlement l’ont décrété, mais il contenait déjà en ses gènes tous les caractères propres au futur être humain que nous sommes : des personnes et pas des objets manipulables.
Que le DPI soit possible et souhaitable pour des couples qui souffrent d’une maladie héréditaire grave ne change pas le problème de la sélection des embryons qu’on produira jusqu’à 12 et dont les surnuméraires seront voués à la congélation puis à la destruction. Ces embryons-là sont aussi en voie d’humanisation. Les multiplier pour en viser la pure efficacité, c’est jeter la plupart de ces vies naissantes à la poubelle. Ce projet de loi, tel qu’il nous est présenté, va trop loin. Là réside sa dérive eugéniste.
Le DPI ainsi pratiqué permettra d’éviter un avortement, dit-on. Sans doute, mais cela ne résout en rien le problème de la sélection et de l’élimination d’embryons non implantés. Quant aux couples stériles, même un DPI ne saurait garantir la naissance d’un enfant désiré. On avance aussi un autre argument : puisque plusieurs pays ont adopté le DPI, on évitera ainsi le tourisme des couples vers l’étranger. Certes, mais l’enjeu éthique de la sélection demeure.
Cette loi met enfin en péril la solidarité avec les personnes handicapées. Je connais des couples qui attestent leur amour inconditionnel pour un enfant trisomique qui fait le bonheur de leur famille.
Une société est vraiment humaine lorsqu’elle accueille chaque personne et future personne dans sa pleine dignité. Surtout les êtres les plus faibles et les plus vulnérables.
François Gachoud, Bulle