VERS UNE GUERRE SANS FIN?
Quand on prend acte du discours de Poutine après l’annexion illicite des territoires ukrainiens du Donbass, il n’y a plus de doute. Il ira jusqu’au bout de la guerre qu’il a déclenchée. Toute attaque contre ces territoires sera considérée comme une agression directe contre la Russie. Ainsi Poutine retourne-t-il une situation compromise à son avantage alors qu’il a perdu dans le Donbass des portions entières de terrain désormais en mains ukrainiennes. Il pose du coup un jalon pour viser l’escalade en mobilisant 300.000 réservistes. En venant de bombarder Kiev avec des drones de fabrication iranienne, il confirme l’engagement russe jusque dans la capitale ukrainienne. On voit aussi le Bélarus s’impliquer de plus en plus clairement dans le conflit: le 10 octobre, Loukachenko n’a-t-il pas annoncé le déploiement d’un groupement militaire commun russo-belarus?
Les Ukrainiens n’ont plus d’autre choix que de répondre à cette menace en rejetant toute négociation. Zelensky rappelle fermement l’indépendance du pays acquise en 1991 et réclame une entrée rapide dans l’Otan. Il fait sans surprise appel à l’aide américaine. Joe Biden acquiesce, assurant que les Etats-Unis « continueront à appuyer les efforts de l’Ukraine pour regagner le contrôle de son territoire et sa sécurité ».
Comment dans ces circonstances imaginer une quelconque négociation conduisant à la paix ? Une brève analyse du discours de Poutine confirme qu’il ne cédera rien. Sa violente diatribe contre l’Occident armé par les Américains, « ennemis de la Russie » le prouve : « Ce dont ils ont toujours rêvé, c’est de briser notre Etat. Les Occidentaux cherchent chaque occasion de nous frapper, de nous affaiblir, de nous détruire ».
Nous devons nous attendre en Europe à devoir affronter toutes les conséquences de cette guerre. Il faudra faire face, dans la douleur, aux effets déjà présents chez nous sur les plans économiques, sociaux, humains. Mais peut-être plus si l’on prend en compte les allusions répétées aux armes nucléaires tactiques brandies par Poutine. Plus il se sentira acculé, plus il sera dangereux. C’est à prendre très au sérieux. Il l’a bien dit : « Ce n’est pas du bluff ! »
François Gachoud, philosophe
