En réflexion...

L’ALLOCATION MATERNITE GENERALISEE : UN PROGRES MAJEUR.

La presse a salué l’entrée en vigueur de cette heureuse mesure : le canton de Fribourg fait œuvre de pionnier. En effet. Et ce progrès-là, impensable voici encore quelques années, espérons qu’il fera tache d’huile en gagnant tous les cantons suisses. Il est vrai qu’à simple lecture des applications de cette décision, on trouve soudain évident qu’il en soit désormais ainsi. Mais le fait que l’allocation de maternité englobe toutes les femmes, qu’elles travaillent ou non, que l’enfant soit le leur ou qu’elles l’aient adopté, est un pas considérable dans la reconnaissance effective, tangible, concrète du droit universel des mères à pouvoir accueillir l’enfant dans les meilleures conditions durant les 14 premières semaines de son entrée dans la vie.

D’abord et pratiquement, cette aide financière est non seulement bienvenue, mais indispensable pour toutes les mères de condition modeste et en difficulté. Qu’une mère vivant seule et de manière précaire puisse recevoir 1650.- par mois constitue dans bien des cas une aide qui vient soulager de gros soucis. Qu’une mère avec activité lucrative à temps partiel soit assurée du minimum vital correspondant à la rente AVS la plus modeste est également un appoint précieux. Quant aux mères adoptives qui n’ont pas droit à une prestation fédérale, c’est pour elles un plus à saluer comme une reconnaissance évidente de leur choix généreux dans une Suisse où les conditions légales pour adopter sont assez restrictives. Quant aux mères qui ne travaillent pas et qui ne reçoivent rien non plus de la Confédération, c’est pour elles la reconnaissance gratifiante du temps qu’elles tiennent à consacrer à l’accueil et aux soins du nouveau-né.

Au-delà de ces considérations pratiques, il convient de relever les enjeux plus profonds et durables contenus dans cette loi. En donnant une allocation de maternité à toutes les femmes, on universalise la valeur du statut de mère et cela est nouveau. Ce qui signifie qu’on reconnaît à toute mère en tant que telle un droit à accueillir l’enfant dans les meilleures conditions souhaitables. D’autre part, on reconnaît par là-même à chaque mère qu’en faisant don de la vie celle-ci offre à sa famille et à la société ce qu’il y a de plus haut, de plus noble parmi toutes les formes de donations possibles. La vie est un don qui ne se mesure pas parce que sa valeur est précisément sans mesure. Cette reconnaissance de la valeur de l’enfant, Anne-Claude Demierre l’a bien soulignée : « L’arrivée d’un enfant ne doit pas être un facteur de précarité ni accentuer  la précarité d’une famille. »

Puisqu’on évoque la famille, il apparaît comme évident qu’en protégeant et la mère et l’enfant, on fait du même coup de la famille le lieu, le cœur de toutes les formes d’humanisation nécessaires au développement d’une société saine et équilibrée. Songeons notamment aux nombreuses familles monoparentales dont la situation parfois problématique appelle une aide, un soutien indispensable.

En cette époque où fleurit tous azimuts un individualisme marqué, un libéralisme souvent pur et dur au service des seules considérations du profit, il est bon de pouvoir saluer ces avancées sociales qui, à l’instar de cette alllocation de maternité sur le point d’entrer en vigueur, nous rappellent que l’essentiel est de défendre et maintenir tout ce qui favorise l’accueil de la vie.

François Gachoud

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