LE DPI : UNE SELECTION SANS LIMITES ?
Je suis né dans une famille dont le frère de ma mère fut frappé d’un handicap majeur. Il était infirme moteur cérébral profond. Je fus témoin du dévouement inlassable de mes grands-parents: un amour inconditionnel à son égard qui rendait visiblement ce fils heureux. Je ne dis pas que le handicap est un bien. J’ai pu constater qu’il peut valoriser l’humanité de celui qui le porte et celle de sa famille. Or la loi sur le DPI proposée fait vaciller la solidarité avec les personnes atteintes d’un handicap. Car elle remet en cause un principe fondamental : les droits liés à la vie valent pour tous les êtres humains sans exception quel que soit leur patrimoine génétique. Intervenir à ce niveau, c’est introduire une sélection entre ceux qui sont dignes de vivre et ceux qui ne le sont pas.
Avec le DPI, on en vient à pousser très loin la sélection : on va produire 12 embryons et éliminer ceux qu’on appelle « surnuméraires ». Des députés au parlement ont décrété qu’on peut en disposer car ils ne sont qu’un « amas de cellules ». Mais qui d’entre eux pourrait nier qu’avant de venir au monde et de devenir un être humain, il était un embryon ? Et que cet embryon n’est pas devenu un lapin ou un poisson, mais une personne. L’embryon que nous fûmes contenait déjà en ses gènes tous les caractères propres au futur être humain que nous sommes. C’est la science qui nous le dit. Il est en fait là l’enjeu éthique de cette votation. Il se trouve en amont des arguments avancés pour éviter un avortement, le tourisme des couples vers l’étranger ou favoriser l’extension du DPI aux couples stériles : des vies en voie d’humanisation seront éliminées.
François Gachoud, Bulle