En réflexion...

Comment penser la Résurrection – ECHO MAGAZINE

PUBLIE DANS ECHO MAGAZINE le 14.3.2015

 

François Gachoud, Comment penser la Résurrection, Paris, Cerf, 207 p.

Disons-le tout de suite : cet ouvrage est superbe. Si les prédicateurs pouvaient ainsi repenser la résurrection du Christ avec autant de clarté et d’intelligence que François Gachoud le fait dans son essai, nos paroisses seraient puissamment revivifiées en ce qui les constituent par essence comme communautés ecclésiales et, par vocation, comme espace de témoignage. C’est dire son intérêt et son importance.

Dès les premières pages, ce qui frappe, c’est que lorsqu’on pose de bonnes questions aux textes fondateurs que sont les Ecritures, on reçoit de suite de bonnes réponses. Qu’il faille repenser la résurrection de Jésus non pas en fonction du dualisme corps-âme issu de la philosophie grecque, mais à la lumière de la manière dont la Bible conçoit et définit la nature humaine, créée à l’image de Dieu et animée par son ‘souffle de vie’, semble une évidence ; bien peu cependant l’on comprise et, surtout, mise en lumière.

Désormais tout se clarifie et le projet de Dieu prend une cohérence extraordinaire. Ce ne sont pas des valeurs, comme on aime s’en gargariser de nos jours, et encore moins des opinions qui fondent la foi chrétienne et l’alliance fondamentale entre Dieu et les hommes, mais une série d’événements liés les uns aux autres jusqu’au dernier qui les confirme tous et leur donne leur sens ultime : la résurrection du Christ.

« La résurrection du Christ, dit François Gachoud, a été pour celles et ceux qui l’ont vu vivant après sa mort la révélation d’une puissante réalité manifestée sur deux plans distincts, celui de l’invisibilité et celui de la visibilité : le Christ était bien le Verbe Logos de Vie, le premier vivant manifesté dans l’invisibilité de son éternel souffle de vie habitant au cœur de la chair ; mais il se manifestait en même temps dans la visibilité de cette même chair en tant qu’elle fut bien la sienne, c’est-à-dire marquée par les plaies encore lisibles de sa crucifixion. Il y a donc une relation étroite entre incarnation et résurrection, puisque c’est ce même souffle de vie invisible qui a ressuscité le Christ en sa chair qui a rendu possible son incarnation » (p.106).

Pour saisir la nouveauté et la force de l’argumentation que propose François Gachoud, il nous semble important de proposer au lecteur la posologie qui convient à tout grand livre : lire peu et s’attarder. Mais également de suivre l’ordre des chapitres, car ils s’éclairent de l’un à l’autre de manière aussi rigoureuse que lumineuse.

Jean Borel