LA PANDEMIE REMET TOUT EN QUESTION
Nos conditions de vie sont bouleversées : elles nous imposent de nous regarder soudain autrement et d’accepter que nos repères vacillent sur tous les plans : pratiques, psychologiques, comportementaux, sociaux, économiques et bien d’autres, le tout dicté par la menace d’un fléau absolument imprévisible, mais puissant. Nous nous sommes crus les maîtres de nos destins liés à un capitalisme effréné qui ne jurait que par la croissance et l’efficacité de rendements sans bornes. Et voilà qu’un simple virus, une minuscule composante d’acides nucléiques d’à peine 50 nanomètres a surgi et envahi nos vies sur la planète entière. Que fait-il comprendre ? Que nous ne sommes plus maîtres de rien. Nous sommes rendus à nous-même, appelés à prendre conscience de ce que nous serons toujours : des êtres vulnérables, fragiles et finalement mortels !
Un rééquilibrage complet de nous-même, de nos repères, de nos valeurs est devenu nécessaire. Et le confinement nous oblige à réinventer nos comportements. C’est un certain vertige à affronter, mais nous avons en nous une faculté de résilience qui nous incite à rebondir. Ce qui suppose assez de confiance en soi pour vouloir en sortir. Réalisons qu’en nous protégeant, nous protégeons autrui ! Car paradoxalement, le respect des distances engendre l’attention aux autres. Elle est donc porteuse de solidarité : combien de jeunes offrent leurs services aux plus âgés, combien de médecins et infirmier(es) se dévouent sans compter pour les malades, combien de parents organisent la vie scolaire de leurs enfants et renforcent leurs liens, combien d’entreprises tentent de survivre en situation précaire, combien de responsables politiques cherchent les meilleures décisions possibles. Sans oublier une presse locale attentive aux besoins de l’heure.
Nous sommes vulnérables et nous le resterons. Mais la solidarité réveille dévouement et bienveillance. Ces vertus reprennent vie et c’est heureux.
François Gachoud, Bulle