En réflexion...

QUAND LA VIOLENCE EST DEGUISEE EN JEU

Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’exprimer dans ces colonnes le souci que nous devons avoir de préserver nos enfants et nos jeunes des méfaits qui les guettent sans qu’ils les perçoivent eux-mêmes. Ainsi en est-il de la violence dissimulée dans leurs jeux. Le lancement d’une pétition lancée par Pro Juventute nous donne non seulement l’occasion  de réfléchir aux dangers inhérents aux processus de violence, mais d’agir. Le mouvement invite en effet nos autorités à prendre des mesures plus efficaces et à renforcer la prévention.

Il n’est pas besoin de le démontrer. L’évolution technologique dans le domaine des jeux videos et informatiques est foudroyante. Et celle-ci va de pair avec les formes de violences sournoises proposées. Violences dont le potentiel de brutalités et d’images crues va croissant. Violences sans limites finalement. Comme si le caractère illimité et sans contrôle des échanges sur le Net favorisait par là-même les processus les plus « hard » de violences sans frein. On objectera qu’on se trouve dans le monde virtuel, non dans celui des réalités. C’est pourtant bien là le problème. Nos enfants, nos jeunes sont-ils capables de pareil discernement ? En sont-ils capables si les scènes de violences visionnées sa présentent comme un jeu ?

Le premier danger qui guette la jeunesse est bien le piège du divertissement. Présentée comme un jeu,  la violence se banalise, c’est évident. Plus grave : elle risque de passer pour une norme. Puisqu’on nous le montre, puisque ça peut se faire, on ne voit pas pourquoi on ne le ferait pas ! Le passage à l’acte n’est pas loin. Certaines formes d’agression pratiquée aujourd’hui au grand jour l’attestent.

Le second danger de la violence déguisée en jeu, c’est que les rapports humains ne sont présentés que comme des rapports de force. C’est la loi du plus fort, c’est la loi du talion. Il s’agit de l’emporter sur l’autre. Et donc, de le soumettre au bon plaisir du dominateur. A l’aune de ce seul critère, il suffit de voir comment les filles sont traitées !

Mais il est encore un autre danger, plus sournois en fait. Car en jouant deux ou plusieurs heures par jour sur son ordinateur ou sur son portable, l’enfant modèle son cerveau à des formes de représentations, à des modes de comportement qui vont conditionner son développement futur. Dans quel sens ? Celui de l’agressivité bien sûr. Si tout est présenté sous forme de rapports de force, c’est l’agressivité qui va servir de modèle. L’approche du rapport à autrui par le dialogue, le consensus et, par-dessus tout, le respect de la personne, n’est plus perceptible.

C’est donc finalement l’éducation elle-même qui est ici remise en cause. Et ses principes comme ses finalités. L’appel lancé par Pro Juventute n’est pas seulement à saluer. Il revêt un caractère d’urgence. Et dans ce registre, la récente initiative lancée par Grimabu, la police et la direction de l’Instruction publique pour lutter contre les dérives qui touchent les adolescents en matière de pornographie et de violence via les portables, est à soutenir inconditionnellement. Car l’avenir de l’éducation concerne toute la société. Elle est notre affaire.

François Gachoud

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